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L'intégration des matériaux biosourcés dans les PLU(i) : quand l'écologie se heurte à la bureaucratie

| Construction Durable |

Auteur : L'équipe M&A-19 septembre 2024

L'intégration des matériaux biosourcés dans les PLU(i) : quand l'écologie se heurte à la bureaucratie-backgroundL'intégration des matériaux biosourcés dans les PLU(i) : quand l'écologie se heurte à la bureaucratie

Ah, les matériaux biosourcés ! Ces merveilles écologiques qui font rêver nos édiles d'un avenir où les villes pousseraient comme des champignons, mais en mieux : en bois, en chanvre, ou pourquoi pas en paille (les trois petits cochons n'avaient peut-être pas tout faux, finalement). Mais voilà, entre le rêve bucolique d'une métropole en bambou et la réalité kafkaïenne de nos Plans Locaux d'Urbanisme, il y a un fossé. Un fossé profond comme un immeuble de grande hauteur en béton armé.

Le PLU(i), ce grand manitou de l'urbanisme français

Commençons par le commencement : le PLU, ou son grand frère le PLUi pour les intercommunalités qui ont décidé de mettre leurs tracas urbanistiques en commun. Ces documents, plus épais qu'un traité de philosophie allemande, sont censés régir l'avenir de nos villes. Mais quand il s'agit de matériaux biosourcés, notre cher Code de l'Urbanisme se transforme soudain en Ponce Pilate : "Pas vu, pas pris, je ne peux rien imposer".

La grande comédie des limites réglementaires

L'article L. 151-18 du Code de l'Urbanisme, dans sa grande sagesse, permet au PLU(i) de jouer les dictateurs de l'esthétique urbaine. Couleurs, formes, hauteurs : tout y passe. Mais dès qu'on parle matériaux, et surtout matériaux biosourcés, c'est silence radio. Interdiction d'imposer, interdiction d'interdire. On pourrait presque croire que nos législateurs ont une phobie du mot "biosourcé". Peut-être craignent-ils une invasion de termites géantes si on construit trop en bois ?

Les acrobaties réglementaires pour encourager sans imposer

Mais ne désespérons pas, chers amateurs d'architecture végétale ! Nos bureaucrates ont plus d'un tour dans leur sac. À défaut de pouvoir dire "Construisez en bois ou allez vivre dans une grotte", ils ont inventé le concept du "bonus de constructibilité". Traduisez : "Si vous êtes gentils et que vous construisez écolo, on vous laissera peut-être ajouter un étage". C'est l'article L. 151-28 du Code de l'Urbanisme qui le dit, avec toute la générosité d'un banquier accordant un découvert.

Les enjeux : entre écologie et practicité

Le carbone, ce grand méchant loup

Parlons carbone. Ces fameux matériaux biosourcés sont censés être les superhéros de la lutte contre le réchauffement climatique. Un bâtiment en bois, c'est comme une forêt verticale, mais en moins vert et avec des fenêtres. Ça stocke du carbone pendant des années, à condition bien sûr qu'on ne décide pas de le brûler pour se réchauffer lors de la prochaine crise énergétique.

Le localisme à tout prix

Et puis, il y a cette merveilleuse idée de construire avec des matériaux locaux. Imaginez : des maisons en paille dans la Beauce, des immeubles en pin des Landes à Bordeaux, des HLM en lavande en Provence. Un rêve d'autarcie architecturale qui ferait pâlir d'envie n'importe quel adepte du 100% français. Sauf que dans la vraie vie, c'est un peu plus compliqué. Entre les normes de sécurité, les contraintes techniques et la réalité économique, le "locavore" de la construction a encore du pain sur la planche.

Les défis : quand la réalité se rappelle à notre bon souvenir

Évidemment, tout n'est pas rose dans le monde merveilleux des matériaux biosourcés. Il faut bien avouer que construire une tour de 50 étages en bambou, ça pose quelques petits problèmes techniques. Sans parler de la RE2020, cette nouvelle réglementation environnementale qui promet de transformer nos architectes en experts-comptables du carbone.

Et puis, il y a la formation. Parce que demander à des maçons habitués au béton de construire en paille, c'est un peu comme demander à un boucher de devenir végétarien. Ça demande de la pédagogie, du temps, et beaucoup, beaucoup de patience.

Conclusion : l'avenir en vert, mais pas trop vite

En fin de compte, l'intégration des matériaux biosourcés dans nos PLU(i) ressemble à une partie de Tetris jouée par un bureaucrate myope. On essaie de faire rentrer des carrés verts dans des trous réglementaires pas toujours adaptés. C'est laborieux, parfois frustrant, mais c'est aussi le début d'une petite révolution.

Alors, à quand des villes entières construites en matériaux biosourcés ? Probablement pas demain. Mais qui sait, peut-être qu'un jour, nos petits-enfants vivront dans des gratte-ciels en bambou, regardant d'un air amusé ces vieux immeubles en béton, vestiges d'une époque où on pensait encore que le gris était une couleur acceptable pour une ville.

En attendant, si vous voulez en savoir plus sur les acrobaties administratives nécessaires pour construire écolo, jetez un œil à nos articles sur les bonus de constructibilité et les normes bas-carbone. Qui sait, vous y trouverez peut-être l'inspiration pour transformer votre PLU en manifeste écologique. Ou au moins de quoi amuser la galerie lors du prochain conseil municipal.

FAQ : L'intégration des matériaux biosourcés dans les PLU(i)

Les matériaux biosourcés sont essentiels pour une construction durable, mais leur intégration dans les PLU reste complexe. Voici les réponses aux questions les plus fréquentes sur ce sujet.

Qu'est-ce qu'un matériau biosourcé ?

Les matériaux biosourcés proviennent de la biomasse végétale ou animale, comme le bois, le chanvre ou la paille. Ils se distinguent par leur faible impact environnemental, leur capacité à stocker du carbone et leurs propriétés naturelles, comme l’isolation thermique et acoustique.

Pourquoi les PLU(i) ne peuvent-ils pas imposer l'utilisation de matériaux biosourcés ?

L’article L.151-18 du Code de l’Urbanisme interdit aux PLU(i) d’imposer ou d’interdire des types de matériaux spécifiques dans les constructions. Ils peuvent uniquement réguler des aspects visuels, comme la hauteur ou la couleur des bâtiments, ce qui limite leur influence sur les matériaux utilisés.

Quels dispositifs encouragent l’usage des matériaux biosourcés malgré les contraintes ?

Même si leur utilisation ne peut être imposée, certaines mesures incitatives existent, comme le bonus de constructibilité prévu par l’article L.151-28. Il permet, par exemple, d’augmenter la surface constructible d’un projet si des matériaux écologiques, tels que les biosourcés, sont utilisés.

Quels sont les principaux avantages écologiques des matériaux biosourcés ?

Les matériaux biosourcés offrent de nombreux bénéfices :

  • Une réduction des émissions de carbone, grâce à leur capacité naturelle de stockage.
  • L’utilisation de ressources renouvelables, favorisant une économie circulaire.
  • D’excellentes propriétés d’isolation thermique et acoustique, permettant de réduire les besoins énergétiques des bâtiments.

Quels obstacles freinent l’intégration des matériaux biosourcés dans la construction ?

Plusieurs défis limitent l’adoption des matériaux biosourcés :

  • Les normes techniques et de sécurité, souvent adaptées au béton et non aux matériaux naturels.
  • Le manque de formation des artisans et des entreprises du bâtiment à ces techniques innovantes.
  • Des coûts parfois élevés liés à la production et à l’approvisionnement local.
  • Une réglementation complexe, qui évolue moins vite que les attentes environnementales et les innovations techniques.

 

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