
Maison Plein Sud, Plein Cadre à Combaillaux
Architecte: SO WHAT ARCHITECTURE
Une colline douce. Des vignes au loin. Le soleil frappe plein sud. À Combaillaux, près de Montpellier, la paille devient haute technologie.
S'ancrer dans la pente
Le relief dicte la stratégie. La maison se développe sur deux niveaux en suivant la topographie naturelle. En bas, le rez-de-jardin s'enfonce dans la terre côté nord-ouest. En haut, l'étage s'ouvre largement vers la vue. Cette disposition inverse la hiérarchie habituelle. Les pièces à vivre occupent l'étage, captant lumière et panorama. Les chambres descendent au frais, protégées par l'inertie de la maçonnerie. Un escalier extérieur relie les deux strates du jardin et connecte le stationnement à l'entrée principale.
La toiture végétalisée du carport prolonge le terrain naturel. Celle de l'étage adopte le même principe. Cette continuité visuelle ancre le bâtiment dans son contexte. La végétalisation extensive offre d'autres avantages : rétention des eaux pluviales, isolation thermique renforcée, intégration paysagère. Le projet dialogue avec les collines environnantes plutôt que de s'y opposer.
Paille et performance
Les maîtres d'ouvrage voulaient une maison naturelle, peu énergivore, à faible impact environnemental. Ils demandaient une construction bois avec isolation en paille. So What Architecture transforme cette demande en parti technique radical. Sur 147 mètres carrés de surface de plancher, auxquels s'ajoutent 26 mètres carrés de cave, les murs de l'étage sont constitués d'une ossature bois garnie de ballots de paille compressée de 35 centimètres d'épaisseur. Le coefficient de résistance thermique atteint 8,05 mètres carrés Kelvin par watt pour les murs. La toiture dépasse 9. Ces valeurs dépassent largement les exigences de la RT2012.
ICC, entreprise spécialisée en charpente et ossature bois, a assuré la réalisation des murs, de la charpente, du bardage et des terrasses. La mise en œuvre d'une isolation en ballots de paille de cette épaisseur exige des protocoles stricts. ICC maîtrise ces techniques spécifiques qui conjuguent savoir-faire traditionnel et performance contemporaine. L'entreprise intervient sur le grand Montpellier et s'est distinguée sur ce chantier de Combaillaux par sa capacité à mener à bien un système constructif exigeant. Le résultat confirme l'efficacité de cette approche.
Le niveau bas adopte une construction en maçonnerie. Ce choix augmente l'inertie thermique du bâtiment. La masse accumulée au rez-de-jardin stabilise les températures et maintient la fraîcheur estivale dans les chambres. Deux systèmes constructifs, deux logiques thermiques, une cohérence d'ensemble.
Capter le soleil, gérer l'ombre
L'orientation solaire structure le projet. Les grandes baies vitrées ouvrent au sud-est et au sud-ouest. En hiver, le rayonnement pénètre profondément dans les espaces de vie. Une casquette protège ces mêmes vitrages durant l'été. Des brises-soleil orientables complètent le dispositif. Ils permettent de moduler l'apport solaire en mi-saison, quand la course du soleil devient plus rasante. Cette stratégie bioclimatique réduit drastiquement les besoins en chauffage et en climatisation.
Un poêle hydraulique à granulés assure le chauffage d'appoint. Un ballon d'eau chaude solaire produit l'eau sanitaire. Une cuve récupère les eaux pluviales pour l'arrosage. Un système recycle les eaux grises pour alimenter les chasses d'eau. Chaque dispositif contribue à l'autonomie énergétique de la maison. L'architecture ne se contente pas d'être performante, elle organise un cycle vertueux de ressources.
Matériaux et mise en œuvre
Le choix des matériaux renouvelables guide la conception. Structure bois, paille compressée, végétalisation extensive. BET Altéa Bois a réalisé les études de structure bois. Bâti Sahin Construction a assuré le terrassement et le gros œuvre maçonné. Soprema a posé l'étanchéité sur maçonnerie. ODL s'est chargée de l'étanchéité sur bois. Vocenty a réalisé la serrurerie et la ferronnerie. Isabelle Chazal, de l'entreprise A Fleur de Chaux, a appliqué le béton ciré. Sylvain Morel a effectué les travaux de peinture.
Les volumes restent simples. Deux strates, des lignes épurées, une géométrie claire. Le bardage bois habille l'étage. Les garde-corps métalliques dessinent des lignes horizontales. Les terrasses en bois prolongent l'espace intérieur vers l'extérieur. Une voile d'ombrage se tend au-dessus de la terrasse principale. Elle filtre la lumière sans obstruer la vue.
Séparer pour mieux vivre
Le fonctionnement de la maison découle de sa disposition. Séparer jour et nuit, séparer chaud et frais, séparer technique et habitable. Le stationnement et les locaux techniques occupent les parties semi-enterrées. Les chambres profitent de la fraîcheur du niveau bas. Les pièces à vivre captent lumière et panorama à l'étage. Chaque fonction trouve sa place dans une hiérarchie spatiale cohérente.
Les espaces de vie s'ouvrent largement vers les terrasses. La cuisine dialogue avec l'extérieur. Les baies coulissantes effacent la limite entre dedans et dehors. Un escalier intérieur relie les deux niveaux. Il structure la distribution sans encombrer les circulations. Les chambres disposent d'accès directs au jardin bas. Cette relation immédiate au sol offre une autonomie à chaque espace de nuit.
Une maison qui respire
La paille compressée respire. Elle régule naturellement l'hygrométrie. Elle stocke du CO2. Elle provient de ressources locales et renouvelables. Son bilan environnemental dépasse celui des isolants conventionnels. Sa mise en œuvre demande une expertise spécifique. ICC a démontré cette maîtrise technique sur le chantier montpelliérain. L'épaisseur de 35 centimètres transforme les murs en véritables barrières thermiques.
Cette performance permet de réduire drastiquement la puissance de chauffage nécessaire. Le poêle à granulés couvre les besoins de chauffage, même s’il résulte d’une exigence réglementaire : le projet aurait pu s’en passer si la norme thermique ne l’avait pas imposé. Les clients souhaitaient initialement un petit poêle à bois d’appoint, mais la réglementation exige un système de chauffage régulable, ce qu’un simple appoint ne permettait pas de valider. Les apports solaires passifs couvrent une partie significative de la demande hivernale. La fraîcheur estivale se maintient naturellement grâce à l'inertie du niveau bas et à la protection solaire des baies. L'architecture devient système énergétique.
Quand le toit devient jardin
Les toitures végétalisées couronnent le projet. Elles captent les eaux de pluie. Elles isolent. Elles verdissent le cinquième plan. Vue du ciel, la maison disparaît presque dans son environnement. Cette discrétion traduit une ambition : construire sans imposer, s'inscrire sans marquer. Le projet poursuit une logique d'intégration plutôt que d'affirmation.
Le carport végétalisé relie visuellement la construction au terrain naturel. Il crée une continuité entre le sol et le bâti. Cette transition douce facilite l'insertion paysagère. Les collines environnantes se reflètent dans les grandes baies vitrées. La maison cadre le paysage sans le dominer. Elle organise des vues, construit des relations visuelles, orchestre des rapports entre intérieur et extérieur.
Architecture et autonomie
Plus de vingt ans de pratique architecturale ont forgé le regard d'Ursula et Nicolas. Diplômés respectivement à Innsbruck et à l'école nationale supérieure d'architecture de Montpellier, ils ont fondé So What Architecture en 2001. Leurs parcours différents créent une complémentarité. Leur participation active à plusieurs chantiers leur a donné une maîtrise concrète de la mise en œuvre. Cette connaissance du faire nourrit la conception.
Leur intérêt pour l'architecture contemporaine guide leurs projets. Leur souci environnemental structure leurs choix techniques. Ils pratiquent une architecture bioclimatique au sens strict : tirer parti des conditions d'un site et de son environnement. Analyser, comprendre, adapter. La maison de Montpellier illustre cette méthode. Chaque décision découle d'une lecture attentive du contexte.
Performance sans compromis
La performance énergétique ne justifie pas la laideur. L'efficacité technique n'excuse pas la pauvreté spatiale. Cette maison démontre qu'isolation massive et qualité architecturale peuvent coexister. Les murs épais créent des embrasures profondes. Les terrasses généreuses prolongent l'espace habitable. Les doubles hauteurs apportent lumière et amplitude. La performance devient un outil de projet, pas une contrainte subie.
Le recyclage des eaux grises témoigne d'une cohérence globale. Récupérer, filtrer, réutiliser. Chaque litre d'eau parcourt un cycle complet avant de quitter la parcelle. Cette circularité traduit une vision systémique de l'habitat. La maison ne consomme pas seulement moins, elle fonctionne différemment. Elle organise ses flux, gère ses ressources, minimise ses rejets.
La cuve de récupération d'eau pluviale alimente l'arrosage du jardin. Le ballon solaire produit l'eau chaude sanitaire. Le poêle hydraulique à granulés chauffe l'eau du circuit de chauffage. Chaque équipement s'inscrit dans une logique d'autonomie progressive. La maison tend vers l'autosuffisance sans renoncer au confort.
Patrimoine en devenir
Cette maison achevée en 2021 préfigure une évolution nécessaire. Construire avec des matériaux renouvelables. Dépasser les réglementations thermiques. Intégrer les cycles de l'eau. Capter l'énergie solaire. Réduire l'empreinte carbone. Ces objectifs ne relèvent plus de l'exception militante. Ils deviennent la norme d'une architecture responsable.
ICC et So What Architecture démontrent qu'une construction en paille de 35 centimètres d'épaisseur se révèle techniquement maîtrisable et architecturalement satisfaisante. Le protocole existe. Les résultats sont mesurables. La reproductibilité est acquise. Il reste à généraliser ces pratiques, à diffuser ces savoir-faire, à transformer l'expérimentation en standard.
Les collines de Combaillaux accueillent une maison discrète. Elle s'ancre dans la pente, capte le soleil, respire par ses murs de paille. Elle fonctionne en circuit court, minimise ses besoins, maximise ses apports naturels. Elle prouve qu'architecture contemporaine et performance environnementale se conjuguent sans renoncement esthétique. Elle dessine un modèle reproductible pour l'habitat de demain.
Maison & Architecture – raconter les lieux où le savoir-faire collectif devient patrimoine.
Regard en images sur le projet
Les acteurs du projet
Ce projet est le fruit d'une collaboration entre architectes, entreprises et artisans du territoire. Découvrez les acteurs qui y ont contribué.











